Tout est autre que cette faille

pour trait(s)

imagine qu’un trait,
puis un trait – si traits

sont des bruits qui veulent partir
user tout leur souffle, se perdre

une longue fêlure saigne moins vite
sans un mot

imagine si noir c’est un peu orange
c’est autre chose que l’obscurité

c’est une absence dans la bouche
ça se traverse longtemps

le regard va

on aimerait ne rien avoir à retenir
se livrer aux frottements

de terre et de salive
que trace le doigt
avec des fragments de peau

et sueur surtout, sueur

ici seulement
on respire plus calmement

pas davantage.

Texte d'Erwann Rougé   (2015)